Comment adapter les méthodes agiles à des produits alimentaires ?

On a tendance à penser que le sprint agile concerne uniquement les logiciels. Or le processus doit être structuré, cadré et permet d’utiliser cette méthode de rupture dans des secteurs très divers tels que l’industrie, la mode ou encore l’agroalimentaire. Ces méthodes sont applicables par tous les acteurs tout au long de la vie du projet. Alors, comment appliquer les méthodes agiles à des produits alimentaires ?

Nous vous donnons les clés et des conseils et suffisamment de matière pour réussir efficacement. Dans le contexte actuel où les innovations de rupture doivent être toujours plus performantes, cultiver l’agilité et la créativité centrées client est un formidable levier. Pour permettre une meilleure productivité, la méthode agile et sensible ias.a s’appuie sur 3 piliers en priorité : l’empathie, l’action et l’itération que l’on va retrouver tout au long d’un sprint agile.

Préparer le projet en étant centré client

En début de sprint, l’équipe agile va avoir un certain nombre d’outils à sa disposition mis en forme et synthétisé dans un carnet de sprint. Voici la méthode que nous utilisons.

1. Découvrir les insights

Être orienté consommateurs, c’est voir le monde comme eux. Avant que la réalisation du sprint commence, l’empathie va ainsi permettre de formuler des insights percutants.

2. Retranscrire des user stories

Un autre outil utilisé dans la méthode de gestion de projets agiles fait appel à l’empathie : il s’agit des user stories. Les user stories explicitent les composantes clés de l’expérience utilisateur. On les formule en se mettant dans la peau du consommateur. Par exemple : « En tant qu’amateur de pizza, j’ai envie d’acheter cette pizza surgelée, car je sens qu’elle va être croustillante »

Pourquoi travailler avec la méthode Kanban ?, Pourquoi travailler avec la méthode Kanban ?

3. Porter la raison d’être du projet

Cette raison d’être va permettre de motiver, de donner du sens à l’équipe et de l’aligner sur l’objectif du projet. La raison d’être d’un produit alimentaire pourrait être la suivante : « créer la pizza surgelée la plus croustillante du marché, à la fois nourricière et hyper fonctionnelle, avec le savoir-faire italien, pour éveiller les sens ».

B. Comprendre le projet au démarrage

Pour bien comprendre le projet, l’appréhender, sentir ses enjeux, ses contours, il faut le définir. Et pour le cerner dans sa globalité, on définit au départ du sprint 4 éléments.

1. L’hypothèse

On cherche à valider une hypothèse de départ qui devient l’objectif du sprint. L’innovation se développe d’hypothèse en hypothèse, de sprint et en sprint. Toujours centrée client, l’hypothèse d’un sprint pourrait être la suivante : « Nous pensons que nos clients seront séduits par notre pizza avec une pate croustillante si le maintien de la pizza équivaut à celui des pizzas faites maison et que les emballages sont pratiques et respectueux de l’environnement ».

2. Le PMV

À ce stade, on imagine quel Produit Minimum Viable devra être conçu pour permettre de valider l’hypothèse. Avec l’exemple de l’hypothèse ci-dessus, on peut imaginer un PMV utilisant un packaging existant légèrement modifié avec en facing exprimant le concept du produit. Le tout avec différentes recettes. On cherche à savoir dans un premier temps quelle recette correspond au mieux au concept proposé et permettra de valider l’hypothèse.

3. La priorisation des stories

Toutes les user stories ne peuvent pas être prises en compte dans le sprint. On peut prioriser la recette de la pizza à l’italienne et la présenter dans un packaging existant finaliser le futur emballage dans un prochain sprint.

4. Le recrutement

Comme on est en mode agile, l’équipe anticipe ! Et elle s’organise déjà pour la phase d’expérimentation. Elle s’interroge donc dès à présent sur le panel à recruter, son nombre, comment, etc.

5. Le Kanban

Toutes ces tâches sont notées dans un Kanban afin de suivre facilement la production du projet. Ce principe de management visuel est au cœur des méthodes agiles.

Pourquoi travailler avec la méthode Kanban ?

C. Passer à l’action

Pour innover plus, plus vite, plus fort, on passe à l’action de manière agile.

1. Un fonctionnement en rôles

L’équipe s’organise en rôles et chacun avance sur les tâches qui ont été priorisées précédemment. Ainsi, les décisions sont guidées par l’objectif du sprint. Cette méthode de travail permet de décloisonner les secteur d’activité. Le formulateur, l’expert en analyse sensorielle, l’architecte de formules, les experts marketing, juridique, le responsable de communication, les fournisseurs, etc. œuvrent ensemble.

2. Des réunions efficaces

Pour garantir le succès du projet, l’équipe doit se synchroniser avec méthode. Elle se réunit de façon très régulière pour partager ses avancées, ses ressentis, demander de l’aide, remonter ses tensions. Ces réunions, ou stand-up meetings en projet agile, ont lieu debout pour augmenter l’efficacité et le dynamisme des échanges. Elles se font devant le Kanban. On se parle de rôle à rôle en synthétisant ses paroles. Les tensions sont réglées en fonction de leur typologie : les points opérationnels en stand-up meeting et les points organisationnels en réunion de gouvernance.

D. Expérimenter le PMV

1. La préparation de la rencontre avec le consommateur

Pour que l’expérimentation se passe dans les meilleures conditions, il est indispensable de préparer cette expérimentation. Avec les méthodes agiles, c’est l’équipe projet qui s’occupe de cette phase. Elle ne fait pas appel à un prestataire externe ! L’équipe doit en conséquence s’organiser pour le recrutement et la venue des consommateurs, pour mettre en scène le PMV, le présenter. Elle doit également préparer un guide d’entretien et répartir les tâches pendant la présentation.

2. L’interview

Il s’agit de la phase clé où tous les éléments du sprint convergent. Lors de cette interview, l’équipe va récolter des feedbacks qui vont valider, invalider, nuancer, optimiser, orienter l’hypothèse du sprint ! Pour cette étape cruciale, les membres de l’équipe se transforment donc en ethnologue, en interviewer, en preneur de notes pour recueillir ces pépites. Et pour ce faire, il faut se mettre en empathie avec les clients, poser les bonnes questions et de la bonne façon.

E. Apprendre sur le produit et sur son équipe

1. Sur le produit

À la lumière des retours de l’expérimentation, l’équipe va pouvoir valider ou pas son hypothèse de départ. Dans notre exemple, les retours consommateur peuvent concerner la texture, le goût, l’odeur avec une forte adhésion ou une forte répulsion et surtout en cohérence avec le concept proposé. Ce sont toutes ces réactions verbales ou non, ces chiffres, etc. qui vont pouvoir guider l’équipe afin de repartir en sprint et une nouvelle hypothèse.

2. Sur l’équipe

À la fin du sprint, l’équipe analyse son comportement, ses points forts, ses points faibles et les façons d’optimiser, de réguler afin que le sprint suivant se déroule encore mieux !

En conclusion

Appliquer les différences phases ennoncées aux produits alimentaires permet de multiplier les belles rencontres entre les technologies mises en place par les services R&D et les besoins, les imaginaires des clients. Se développer avec les méthodes agiles offre la possibilité aux équipes d’apporter des solutions très efficaces, justes, pertinentes et alignées avec la cible produit. Et d’une manière plus générale, cette posture permet de mettre en œuvre un développement cohérent des produits de la marque.