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Innovation agile et sensible en action

Pourquoi et comment devenir des artisans de l’innovation

L’apprentissage dans l’action et l’ajustement continu,plutôt que des changements subis ou cascadés : 8ème pilier du manifesto de la méthode ias.a (innovation agile et sensible en action) par Clotilde Lacambre et Hélène Luong (membres de iasagora)

Si l’artisan est une figure inspirante pour nous, chez iasagora, c’est parce qu’il est un Monsieur Jourdain de l’agilité. Bien loin du Manifeste agile, il est pourtant ce « maker » de toujours, ancré dans l’action, sachant nouer des liens étroits avec ses pairs, à travers le compagnonnage notamment, et également avec ses clients, pour évoluer dans son art.L’action est source de progrès : voici une croyance qui peut, sans nul doute, guider quiconque veut innover. Si l’on définit l’artisan comme celui qui met son art au service d’autrui, alors l’innovateur, qu’il soit équipier ou manager, qu’il travaille au service Marketing, R&D, Commerce… a tout intérêt à devenir un artisan de l’innovation.

C’est à travers ce parcours d’artisan de l’innovation que nous vous proposons d’explorer le 8ème pilier du Manifeste ias.a : « l’apprentissage dans l’action et l’ajustement continu, plutôt que des changements subis ou cascadés ». Aujourd’hui plus que jamais, l’apprentissage est essentiel. Il est au service de la réalisation, ou plutôt des réalisations :

  1. La réalisation en tant qu’objet, production, résultat concret et tangible des actions : l’artisan innovateur réalise, il fabrique et optimise.
  2. La réalisation en tant que processus de prise de conscience et de compréhension : l’artisan innovateur réalise, il découvre et s’adapte.
  3. La réalisation de soi : l’artisan innovateur se réalise, il s’accomplit.

Avant d’aller plus loin dans chacune de ces dimensions, revenons au point de départ : de quoi a besoin un artisan de l’innovation pour débuter son aventure dans de bonnes conditions ? UNE LIBERTÉ CADRÉE COMME PRE-REQUIS…

 

L’artisan débutant est bien souvent apprenti ; lui et son employeur signent alors un contrat d’apprentissage. Et notre collaborateur du service R&D ou Marketing qui s’engage dans un projet d’innovation ? Il dispose certes d’un contrat de travail, mais bien souvent le projet d’innovation en tant que tel n’est pas ou est mal cadré : challenge flou ou changeant, décision brutale de stopper un projet sans explication, règles du jeu collaboratif peu claires, injonctions paradoxales… autant de sources d’insécurité pour les collaborateurs, et d’inefficacité pour l’organisation.Mais alors, le cadre d’apprentissage de nos innovateurs, il ressemblerait à quoi ?
Pour nous, c’est un champ de liberté sécurisant, une “sandbox” qui pose de manière explicite les 3P chers aux coachs :

  • La Permission donnée par le Management de bouger les frontières, d’oser s’aventurer sur des territoires inconnus…
  • La Protection, celle de l’équipe investie d’une mission d’innovation, mais aussi celle de l’organisation.
  • La Puissance pourra alors s’exprimer à bon escient : celle des collaborateurs et celle de l’entreprise dans sa capacité d’innovation.

De manière plus pragmatique, c’est une vision partagée du projet. C’est également s’engager à respecter l’autonomie de l’équipe pendant son sprint : une séquence courte d’environ un mois pour explorer une hypothèse clé du projet … une liberté cadrée, moteur d’agilité pour les artisans de l’innovation.

1. JE RÉALISE : EN FABRIQUANT JE PROGRESSE !

Concrètement, l’apprentissage dans l’action, c’est prototyper dès le début du développement : l’équipe définit puis conçoit un PMV (produit minimum viable) pour incarner sa vision de l’offre.Pas de tergiversations conceptuelles, fini les laborieuses séances d’écriture de concept où le marketing et le CMI (Consumers Market Insights) essaient d’anticiper le mieux possible les perceptions des consommateurs, leurs logiques d’appropriation ou leurs freins, pas de cahier des charges transmis du marketing à la R&D… on matérialise une ébauche.
L’équipe construit un PMV1, clairement imparfait puisqu’il n’est qu’une étape vers l’offre idéale, et qu’il doit permettre d’accueillir les critiques et rebonds de la cible, d’apprendre pour ajuster sa proposition.Les artisans innovateurs apprennent autant de leurs erreurs que de leurs justes intuitions. Avoir le droit à l’erreur, progresser grâce aux erreurs est ici une réalité : l’équipe fait face à ses fausses bonnes idées, découvre des nouvelles pistes potentielles… Elle progresse empiriquement autour de cet objet concret qu’elle façonne.


2. JE RÉALISE : EN INCARNANT ET EN EXPÉRIMENTANT, JE DÉCOUVRE !

Après avoir partagé leur PMV avec la cible au cours de sessions d’expérimentation, les artisans innovateurs remettent leur travail sur l’ouvrage.
A l’image du potier en contact avec la matière, c’est par ses mains que l’artisan de l’innovation, sent et ressent son projet, tâtonne en maillant créativité du faire et créativité des idées, jusqu’à avoir l’Eureka stratégique : la vision n’est pas posée hors sol, elle est nourrie dans l’action… Certaines portes s’ouvrent, faisant apparaître de nouvelles opportunités : un nouveau positionnement, un nouvel usage, une nouvelle catégorie de produits, une nouvelle cible. D’autres se ferment, comme des évidences que l’on accueille non pas comme un échec mais comme un learning à intégrer : il faut ainsi parfois savoir pivoter.
Dans cette approche à la fois pragmatique et créative, nos artisans de l’innovation vont, tels des compagnons, apprendre les uns des autres jusqu’à faire corps au service du projet : l’équipe elle-même va s’améliorer de sprint en sprint, fluidifier ses modes de fonctionnement et trouver l’organisation toujours la plus juste.

3. JE ME RÉALISE : EN CO-CRÉANT JE ME RÉVÈLE !

Stimulée par cette liberté cadrée, l’équipe se montre plus audacieuse ; sa créativité est libérée. Le PMV2 et les suivants avancent progressivement vers l’expérience idéale… Les artisans de l’innovation se forgent des convictions, ils identifient les véritables challenges : ceux qui font sens pour la cible.
La décision est prise au plus proche de l’action : c’est l’équipe qui choisit de pivoter ou non, c’est elle qui élabore l’hypothèse suivante… elle est légitimée. Elle est également actrice et responsabilisée dans la construction de son organisation innovante, l’organisation sur-mesure qui répondra aux enjeux du moment : grâce à un processus structuré, elle peut ajouter un corps de métier ou proposer d’en mettre un autre de côté.
Les artisans de l’innovation sont fiers de leur ouvrage, ils révèlent tous leurs talents et prennent généralement un plaisir immense à faire et à échanger avec les consommateurs : “après des moments comme cela, je sais pourquoi je fais ce métier”, nous confiait récemment une chef de produit dans l’industrie alimentaire… “C’est une belle expérience de pouvoir s’ouvrir à la fois aux consos et à la fois à nos collègues : la relation devient différente et la fluidité grandit”, concluait encore un expert scientifique dans l’industrie cosmétique.

Et si c’est à l’oeuvre que l’on connaît l’artisan, comme le dit le proverbe, c’est à bien plus que cela que l’on reconnaît les artisans de l’innovation tels que nous les concevons chez iasagora : solidarité, audace, empathie, excellence dans leur art, sens (re)trouvé… une approche qui bénéficie à chacun, et également à l’organisation et au management sachant encourager et accompagner cet apprentissage dans l’action : “l’équipe est transformée, elle délivre bien plus vite et propose des pistes qui sont sources de valeur…”
Et vous, vous les voyez comment les innovateurs ? Parlons-en !