Alphago est un programme informatique. Il s’est attaqué à un défi complexe et symbolique dans l’épopée du développement de l’intelligence artificielle : exceller au jeu de Go. Il a été écrit par la société DeepMind dont la raison-d’être affichée est de ‘résoudre l’intelligence’ et qui a été rachetée par Google en 2014 pour quelques 628 millions de dollars.
Le documentaire fascinant, du même nom, retrace un moment clé de cette aventure : après la victoire du programme face au champion français Fan Hui, la société organise un tournoi en cinq rencontres avec le grand maître coréen Lee Sedol. L’événement est extrêmement médiatisé et une tension palpable grandit au cours du film car beaucoup sont persuadés que, de par la nature même du jeu, une machine ne peut battre un humain… l’enjeu est de taille.
Sans gâcher cet étrange suspens, nous pouvons nous attarder sur un passage particulier qui nous a marqué lors de la 4e manche; Alors que la partie est très serrée et qu’aucun des nombreux commentateurs (télés, internet…) ne voit ce que Lee Sedol pourrait jouer, ce dernier tente un coup qu’ils vont instantanément qualifier de magique par sa créativité : un coup de maître, un coup divin. Ce mouvement extraordinaire fait d’ailleurs s’effondrer la machine qui se met à jouer subitement de façon totalement incohérente – sans doute brutalement poussée par ce coup dans de sombres abysses logicielles encore inexplorées.
Mais nous avons été encore plus intrigués par la scène suivante durant laquelle l’équipe de DeepMind cherche à comprendre ce qui a bien pu se passer en analysant les données chiffrées du comportement de la machine. Ils s’aperçoivent que le coup joué par Lee Sedol avait une probabilité de 0,007%, c’est à dire une chance sur 15.000 d’être joué par un humain.
Une improbabilité absolue qui, une fois dévoilée, devient une évidence…
Cela pourrait-il caractériser le génie créatif ? Quelque chose dans cette histoire nous a puissamment interpellé. Car, dans le cadre des méthodes et techniques d’innovation agiles et sensibles que nous développons chez iasagora, nous avons développé de multiples tactiques destinées à mettre le doigt sur ce type de pépites improbables.
Qu’il s’agisse de familles de techniques comme les connexions forcées (avec des mots clés, des images, des stimuli sensoriels… ), de prototypage rapide et frugal ou d’expérimentation créative auprès des clients, consommateurs ou utilisateurs avertis, nous avons associé de nombreuses approches pour accompagner efficacement nos clients vers leurs ‘zones improbables’.Pousser le(s) concepteur(s) à accepter un autre regard, à voir la réalité autrement, travailler la posture, les modes d’organisation et la stratégie pour permettre, de manière agile, d’accepter de nouvelles voies et de laisser émerger ces évidences… C’est ce à quoi nous nous attelons avec passion chez iasagora.
Article écrit par Charles Hannotte et Stéphane Ely