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Innovation agile et sensible en action

Comment appliquer les méthodes agiles à des produits cosmétiques ?

En innovation de produit, on a tendance à penser que le développement en mode sprint agile ne concerne que la technologie du digital. Or le processus des méthodes agiles est structuré, cadré et permet de faire de l’innovation de rupture dans des secteurs très divers tels que l’industrie, la mode, l’agroalimentaire, ou encore la cosmétique. Ces méthodes de travail sont applicables par tous les acteurs de l’innovation produit. Alors, comment appliquer les méthodes agiles à des produits cosmétiques ? Nous vous donnons les clés et des conseils pour une innovation agile efficace. Dans le contexte actuel où les innovations de rupture doivent être toujours plus performantes, cultiver l’agilité et la créativité centrées client est un formidable levier. Pour ce faire, la méthode agile et sensible ias.a s’appuie sur 3 piliers en priorité : l’empathie, l’action et l’itération que l’on va retrouver tout au long d’un sprint agile.

A. Préparer le projet en étant centré client

En début de sprint, l’équipe agile va avoir un certain nombre d’outils à sa disposition mis en forme et synthétisé dans un carnet de sprint.

1. Découvrir les insights

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Être orienté consommateurs, c’est voir le monde comme eux. Par exemple, les membres des équipes marketing qui ont entre 20 et 35 ans peuvent avoir beaucoup de mal à comprendre les enjeux autour de la ménopause pour une femme. Avant que les équipes commencent le sprint, l’empathie va ainsi permettre de formuler des insights percutants. C’est-à-dire exprimer les frustrations, rêves, désirs des consos sous une tournure problématisée. Un exemple d’insight : « j’aimerais faire plus attention à ma peau parce que je vieillis, mais je ne me reconnais pas du tout dans l’univers des produits anti-âge. ».

2. Retranscrire des user stories

Un autre outil des projets agiles fait appel à l’empathie : il s’agit des user stories. Les user stories explicitent les composantes clés de l’expérience utilisateur. On les formule en se mettant dans la peau du conso. Par exemple : « En tant que personne aimant beaucoup s’exposer au soleil, j’ai envie d’acheter cette crème très protectrice, car je sens que ma peau va être douce au toucher et pas collante ».

3. Porter la raison d’être du projet

Cette raison d’être va permettre de motiver, de donner du sens à l’équipe et de la conforter dans l’intérêt du projet. La raison d’être d’un produit cosmétologique peut être la suivante : « créer la crème solaire la plus écoresponsable du marché, à la fois plaisir et hyper protectrice et un impact zéro pour l’environnement aquatique, pour réconcilier science et nature ».

B. Comprendre le projet au démarrage

Pour bien comprendre le projet, l’appréhender, sentir ses enjeux, ses contours, il faut le définir. Et pour le cerner dans sa globalité, on définit au départ du sprint 4 éléments.

1. L’hypothèse

On cherche à valider une hypothèse de départ qui devient l’objectif du sprint. L’innovation se développe d’hypothèse en hypothèse, de sprint et en sprint. Toujours centrée client, l’hypothèse d’un sprint peut être la suivante : « Nous pensons que nos clients seront séduits par notre cosmétique végétale avec impact zéro sur l’environnement si la galénique des crèmes équivaut à celle des meilleures crèmes existantes ».

2. Le PMV

À cette étape, on imagine quel Produit Minimum Brut devra être conçu pour permettre de valider l’hypothèse. Avec l’exemple de l’hypothèse ci-dessus, on peut imaginer un PMV de utilisant un packaging existant légèrement modifié avec en facing exprimant le concept du produit. Le tout avec différentes galéniques qui n’ont pas encore forcément les propriétés impactes zéro sur l’environnement. On cherche à savoir dans un premier temps quelle galénique correspond au mieux au concept proposé et permettra de valider l’hypothèse.

3. La priorisation des stories

Toutes les user stories ne peuvent pas être prises en compte dans le sprint. On peut prioriser la galénique de la crème et la présenter dans un packaging existant puis sur le futur pack et la formule finalisée dans un prochain sprint.

4. Le recrutement

Comme on est en mode agile, l’équipe anticipe ! Et elle s’organise déjà pour la phase d’expérimentation. Elle s’interroge donc dès à présent sur le panel à recruter, son nombre, comment, etc.

5. Le Kanban

Toutes ces tâches sont notées dans un Kanban afin de suivre facilement la production du projet. Ce principe de management visuel est au cœur des méthodes agiles.

C. Passer à l’action

Pour innover plus, plus vite, plus fort, on passe à l’action de manière agile.

1. Un fonctionnement en rôles

L’équipe s’organise en rôles et chacun avance sur les tâches qui ont été priorisées à l’étape précédente. Ainsi, les décisions sont guidées par l’objectif du sprint. Ces méthodes de travail décloisonnent les équipes. Le formulateur, l’expert en analyse sensorielle, l’architecte de formules, les experts marketing, juridique, le responsable de communication, les fournisseurs, etc. œuvrent ensemble.

2. Des réunions efficaces

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Pour se synchroniser, l’équipe se réunit de façon très régulière pour partager ses avancées, ses ressentis, demander de l’aide, remonter ses tensions. Ces réunions, ou stand-up meetings en projet agile, ont lieu debout pour augmenter l’efficacité et le dynamisme des échanges. Elles se font devant le Kanban. On se parle de rôle à rôle en synthétisant ses paroles. Les tensions sont réglées en fonction de leur typologie : les points opérationnels en stand-up meeting et les points organisationnels en réunion de gouvernance.

D. Expérimenter le PMV

1. La préparation de la rencontre avec le conso

Pour que l’expérimentation se passe dans les meilleures conditions, il est indispensable de préparer cette expérimentation. Avec les méthodes agiles, c’est l’équipe projet qui s’occupe de cette phase. Elle ne fait pas appel à un prestataire externe ! L’équipe doit en conséquence s’organiser pour le recrutement et la venue, mettre en scène le PMV, le présenter. Elle doit également préparer un guide d’entretien et répartir les tâches pendant la présentation.

2. L’entretien

Il s’agit de la phase clé où tous les éléments du sprint convergent. Lors de cet entretien, l’équipe va récolter des feedbacks qui vont valider, invalider, nuancer, optimiser, orienter l’hypothèse du sprint ! Pour cette étape cruciale, les membres de l’équipe se transforment donc en ethnologue, en interviewer, en preneur de notes pour recueillir ces pépites. Et pour ce faire, il faut se mettre en empathie avec les clients, poser les bonnes questions et de la bonne façon.

E. Apprendre sur le produit et sur son équipe

1. Sur le produit

À la lumière des retours de l’expérimentation, l’équipe va pouvoir valider ou pas son hypothèse de départ. Dans notre exemple (trouver la bonne galénique des crèmes végétales), les retours consommateur peuvent concerner la matière, la couleur, la texture, l’odeur avec une forte adhésion ou une forte répulsion et surtout en cohérence avec le concept proposé. Ce sont toutes ces réactions verbales ou non, ces chiffres, etc. qui vont pouvoir guider l’équipe afin de repartir en sprint et une nouvelle hypothèse.

2. Sur l’équipe

À la fin du sprint, l’équipe analyse son comportement, ses points forts, ses points faibles et les façons d’optimiser, de réguler afin que le sprint suivant se déroule encore mieux !

En conclusion

Appliquer les méthodes agiles aux produits cosmétiques permet de multiplier les belles rencontres entre les technologies mises en place par les services R&D et les besoins, imaginaires des clients. Se développer avec les méthodes agiles offre la possibilité aux équipes d’apporter des solutions très efficaces, justes, pertinentes et alignées avec la cible produit. Et d’une manière plus générale, cette posture permet de mettre en œuvre un développement cohérent des produits de la marque. Ce travail en mode agile réinvente efficacement la méthode essai-erreur (ou generate and test) proche des développements des formulateurs en cosmétologie.